MADAGASCAR : Démocratie made by France ?

Publié le par Ny Marina

Apparemment, les fusils se sont tus, ou se tairont rapidement. La résolution de la « crise » n’est plus qu’une question de procédure. Dès le premier jour, l’ancien maire Andry Rajoelina (surnommé TGV) ne demandait qu’une chose : la destitution du président, c’est en train de se faire. Ce n’est pas le plus important. Il semble se jouer un curieux « qui perd gagne » dans une insurrection de plus en plus lisible comme montée de toutes pièces et commanditée par une puissance étrangère qui tire les ficelles de marionnettes qu’elle tient au bout d’un fil de corruption bien efficace. Au moment où le mouvement du 13 mai s’essoufflait et que le président Ravalomanana semblait avoir gagné la partie, Andry Rajoelina (surnommé TGV) disparaît quelques jours de la place publique, réfugié à l’ambassade de France, puis à l’évêché, lui qui se plaignait de la partialité de l’évêque en sa défaveur ! Par un curieux tour de prestidigitation, le revoilà, douze jours plus tard, sur la place du 13 Mai, triomphant, en tenue pour la grande finale, annonçant allègrement sa victoire avec le soutien de l’armée, armée un rien gênée pour expliquer comment en si peu de temps, sans que rien ne le laissait prévoir et contrairement à des déclarations d’intention récentes, elle a massivement rallié son camp ! Très vite, le président en exercice est peu à peu lâché par ses partisans constitutionnels, le dernier en date étant son ancien premier ministre, président de l’Assemblée Nationale, Jacques Sylla, qui fut pendant les dernières négociations son porte-parole. Que s’est-il passé qui a précipité les choses et qui soit passé au dessus de toutes les velléités de rencontres et négociations ? Au dessus de tout le pays et sa misère et « sa démocratie de la rue » directe et sanguinaire, de tous ses acteurs et de sa constitution, de ses citoyens et de ses institutions… Comme si le chef marionnettiste était lassé des longueurs de la pièce et a un peu précipité la fin, un banal mais très puissant deus ex machina. FRANCAFRIQUE ? Il aurait pu arrêter plus tôt, et faire l’économie de deux mois de violence qui ont mis le pays à feu et à sang. Deux mois qui ont vu la mort d’une centaine de personnes, parfois des mineurs piégés dans les pillages et les incendies. Deux mois qui ont vu détruits en très peu de temps des biens privés et publics durement acquis. Deux mois surtout qui ont fait goûter à une jeunesse (sinon des adolescents) urbaine et périphérique, plus que jamais désœuvrée, abreuvée à un TGV-isme démagogique sans fond, perdue entre deux mondes, le fruit dangereux du pouvoir de piller, casser, racketter, de TUER même sans que cela porte à conséquence, justifié d’avance par la quête d’une improbable « démocratie ». Démocratie francafricaine ? Charlotte Rabesahala, anthropologue.
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