rester objectif, et ne pas s'enfermer dans des idées toutes faites...

Publié le par Ny Marina

... ou comme le disait ma grand-mère : " lis d'abord, tu verras ensuite..."
paru sur fihavanana-madagascar.com
Voici les réponses tant attendu de l'Ambassadeur de France à Madagascar, Monsieur Jean-Marc Chataigner :

 1° question :

Bonjour Monsieur Chataigner, est-ce que vous êtes l'ambassadeur de la France en Madagascar ?
Le cas échéant, à qui vous avez présenté votre lettre de créance ?
Merci de votre réponse Monsieur Chataignier.

                 Je suis effectivement l’Ambassadeur de la République française auprès de la République malgache. Comme toutes les nominations d’Ambassadeurs, ma nomination a fait l’objet en France d’une présentation au Conseil des Ministres et mon décret de nomination a été signé par le Président de la République. Le Ministère français des affaires étrangères a ensuite reçu du Ministère malgache des Affaires Etrangères mon agrément le 16 mars 2009 paraphé personnellement par Marcel Ranjeva, ce qui m’a permis de prendre l’avion pour Madagascar le 17 mars. Je sais que cet agrément avait reçu l’accord du Président Marc Ravalomanana qui avait appelé à ce sujet le 10 mars 2009 M. Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie. Je n’ai pas pour le moment remis mes lettres de créances, que je garde précieusement dans mon coffre à l’Ambassade, tant que les principes posés par l’Union Africaine et les partenaires du groupe international de contact n’auront pas été remplis : signature d’une charte de la transition entre toutes les parties prenantes, acceptation d’un calendrier consensuel de retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation d’élections libres, équitables et transparentes. Je le ferai le moment venu à qui de droit.

 2° Question :

quelles seraient les conditions requises par la France pour que Madagascar devienne (ou redevienne) Département Français d'outre mer ?

c'est juste pour demander si les malgaches ont un espoir de vivre en paix sans violence et que d'un coté les francais seraient économiquement tranquilles. j'ai demander la condition parce que avant de faire un referendum il faut expliquer au malgaches la réalité des choses la situation mondiale, géopolitique…

                Votre question est certainement une boutade ! Elle est sans objet! Madagascar est un pays indépendant, avec son histoire et sa culture, qui a vocation, comme la France, comme les Etats-Unis, comme tous les autres pays, à participer au concert des nations et à apporter ses valeurs à la paix, à la sécurité et au développement du monde.

3° Question :

Monsieur l'Ambassadeur, pensez-vous qu'il soit possible de faire comparaître:
1°) Didier Ratsiraka, pour ses détournements de biens publics en France,
2°) Andry Rajoelina pour ses responsabilités dans les morts suivant ses propres manifestations, étant donné que lui-même est français ,
3°) Marc Ravalomanana, s'il a des intérêts en France,
devant la justice française ?

                 Il me semble que si les dirigeants que vous citez doivent rendre des comptes (et ce n’est assurément pas à moi d’en juger la nécessité !), c’est en premier lieu au peuple malgache et aux institutions de votre pays qu’ils doivent le faire. Je tiens par ailleurs à préciser que, contrairement à ce que vous écrivez et que j’ai parfois aussi lu dans des articles de presse, Andry Rajoelina n’a pas la nationalité française.

 4° Question :

Croyez vous à une démocratie malgache différente de ce qui se passe en France ou considérez vous que la démocratie malgache devrait être universelle? Comment justifiez-vous votre attitude face à ce coup d'Etat (protection d’Andry TGV Rajoelina à l’ambassade de France à un moment donné)?

 Un certain nombre de principes démocratiques sont universellement partagés comme le respect des droits de l’homme, les principes de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice,  la tenue régulière d’élections transparentes, libres et équitables…Ceux-ci ont d’ailleurs encore été rappelés dans le cadre de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée par l’Union africaine le 30 janvier 2007 qui fait actuellement l’objet d’un processus de ratification des Etats africains. Ensuite, bien sûr, chaque pays possède ses spécificités et a la liberté de s’organiser comme son peuple l’entend à travers un régime parlementaire, un régime présidentiel, une organisation plus ou moins centralisée ou fédérale…

Andry Rajoelina a été accueilli à la Résidence de France pour une durée très limitée et pour des raisons humanitaires parce qu’il pensait que sa vie était en danger. Cette décision a été prise en concertation avec la communauté internationale, notamment l’envoyé spécial des Nations Unies et les autres Ambassadeurs présents à Madagascar. Je vous rappelle aussi, comme l’a dit le Ministre français des affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, dans Jeune Afrique, que le Président Marc Ravalomanana avait été immédiatement informé de cette décision et qu’il n’avait alors soulevé aucune objection.

 5° Question :

Rajoelina s´est autorpocllamé président. C´était clair que c´était un coup d´etat. Il était sous mandat d´arret. Pourquoi la France l´a caché dans son ambassade. On ne serait pas arrivé à une situation catastrophique si vous ne l´aviez pas caché. La France prétend etre un etat de droit, pourqoi vous melez vous de l´affaire des malgaches en intervenant en faveur de ce putschiste ?

 Je pense déjà avoir répondu à la première question. J’ajouterai que le jour même de mon arrivée à Madagascar le 18 mars nous avons proposé notre assistance au Président Marc Ravalomanana et sollicité des garanties pour qu’il puisse quitter en toute sécurité le territoire de Madagascar, comme il le souhaitait, offre qu’il a finalement déclinée mais dont il nous a publiquement remerciés.

Plus généralement, je voudrais aussi vous répondre que la France n’entend nullement s’ingérer d’une quelconque manière dans les affaires malgaches, que nous ne sommes pas en faveur de l’un ou l’autre camp. Madagascar traverse une grave crise politique et je crois fondamentalement que c’est aux Malgaches de trouver des solutions aux problèmes que rencontre leur pays. Aucune solution ne viendra de l’extérieur. La France et plus largement la communauté internationale peuvent être là pour accompagner, aider, faciliter les dialogues pour que se forme un consensus. Elles ne peuvent pas, elles ne pourront pas se substituer aux Malgaches dans la construction du modèle de société de Madagascar ou dans les décisions qui doivent être prises pour la mise en place de cette quatrième République que tous les dirigeants malgaches et leurs mouvances politiques semblent souhaiter mettre en place.

 6° Question :

Monsieur l'Ambassadeur,
- Quelles sont pour vous les solutions afin que Madagascar puisse avoir une stabilité politique (dans le sens durable) et une croissance économique ?
- D'après vous, dans quelles mesures, La France, peut-elle aider Madagascar ?
- Comment voyez-vous l'avenir de Madagascar, surtout sur le plan économique, et pourquoi ?
Merci pour vos réponses.

 Au vu de l’histoire, de notre voisinage géographique, je pense à la Réunion et à Mayotte, des liens humains qui se sont tissés, avec de très nombreuses familles franco-malgaches, la France porte évidemment un très grand intérêt à Madagascar et nous entretenons des relations denses, qui sont ouvertes et transparentes. Ce n’est pas nouveau. Notre intérêt politique, il est explicite, je crois d’ailleurs qu’il est mutuel et fondamentalement partagé avec l’ensemble des Malgaches : cet intérêt commun, c’est la stabilité et le développement du pays. Cela passe aujourd’hui par un retour le plus rapide possible vers un fonctionnement normal et démocratique des institutions, à travers la tenue à tous les niveaux d’élections libres, équitables et transparentes. La France est prête à apporter sa contribution à cet effort dans le cadre coordonné du groupe international de contact et si, bien sûr, on le lui demande. Ce préalable est essentiel pour que tous les efforts de Madagascar et de ses bailleurs de fonds puissent être tournés vers un véritable décollage économique, vers un développement qui bénéficie à tous et à toutes, que les enfants puissent aller à l’école et toutes les familles bénéficier des soins de santé de base. Je suis pour ma part et à titre personnel, persuadé, comme je l’ai déjà dit lors d’une interview à la télévision malgache, que Madagascar a toutes les potentialités pour être un nouveau « dragon d’Afrique » et donc être un partenaire économique et commercial fort pour les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et bien sûr de l’Europe et de la France.

 7° Question :

Qu’envisagez-vous de faire si La HAT avec son Président Andry Rajoelina décide de tenir les élections en 2010 et Si Andry Rajoelina se présente aux présidentielles ? Que pensez-vous de cette charte à signer par tous les anciens présidents de Madagascar ?

La tenue de ces élections doit être inscrite dans un cadre politique inclusif associant avec la médiation des émissaires internationaux de l’Union africaine, de l’ONU, de la SADC et l’Organisation Internationale de la Francophonie, les principales mouvances politiques malgaches. Il me semble que nous pourrions avoir de très grandes difficultés à en reconnaître les résultats ou même à apporter un quelconque soutien à leur organisation si elles étaient organisées unilatéralement par la Haute Autorité de Transition. Il est de l’intérêt de tous les Malgaches que chacune des mouvances politiques participe pleinement à l’organisation et au bon déroulement d’une compétition démocratique saine et loyale : leur responsabilité est sur ce point est immense. La charte que vous évoquez paraît être un cadre approprié pour décider de façon consensuelle, et donc avec le soutien de la communauté internationale, des conditions et des principes de cette transition, y compris la possibilité offerte ou non à Andry Rajoelina et aux anciens Présidents de Madagascar de se présenter.

 8° Question :

Quelles sont les initiatives Françaises à Madagascar qui sont envisagées aujourd’hui, tant au niveau des investisseurs (chefs d’entreprises) qu’au niveau du simple citoyen ?

 La relation de la France avec Madagascar, cela doit être une relation de confiance, une relation de partenariat, une solidarité partagée. Pour ma part, je voudrais pouvoir mettre au service de Madagascar toute l’expérience que j’ai accumulée dans le domaine du développement depuis vingt ans en travaillant en Afrique, mais aussi à New York avec le PNUD et l’UNICEF, comme Directeur du pilotage et des relations stratégiques de l’Agence Française de Développement (AFD) ou plus récemment comme Directeur de cabinet de M. Jean-Marie Bockel, puis de M. Alain Joyandet, au Secrétariat d’Etat à la coopération et à la francophonie. Le monde change, les modèles classiques de l’Aide Publique au Développement évoluent avec la nécessité de faire face en commun à de nouveaux défis globaux comme le changement climatique, les grandes pandémies mondiales, la préservation de la biodiversité... De nouveaux acteurs comme les grandes fondations, les pays émergents comme l’Inde ou le Brésil, de grandes collectivités territoriales interviennent dans l’aide, ont de nouvelles expertises et approches et peuvent nous aider à ne pas répéter les erreurs du passé. Je suis définitivement convaincu que les investisseurs français, comme ils l’ont démontré en se mobilisant encore nombreux à la Foire Internationale de Madagascar, participeront pleinement à l’effort de développement et de reconstruction de Madagascar dès lors que cette crise politique aura été surmontée.

 9° Question :

Avez-vous une idée précise sur le déroulement des choses qui DOIVENT se passer pour que Madagascar retrouve une vraie démocratie ? Que proposez-vous ?

 Je ne suis pas malgache et je pense donc ne pas être la personne la mieux placée pour répondre à votre question…

 J’aimerais néanmoins vous citer le contenu d’un article qui m’a beaucoup frappé lorsque j’ai commencé à préparer ma venue à Madagascar. Il s’intitule  « Où va Madagascar ? » et a été écrit en 1959 par un prêtre malgache, le père Vincent Rabarison. On le retrouve largement cité dans l’ouvrage du père Jacques Tiersonnier, « Madagascar, les missionnaires, acteurs du développement » (Editions Ambozotan/ L’Harmattan, janvier 2001) : « cette mise en valeur de notre pays exigera beaucoup de travail, une discipline sévère, un véritable esprit de sacrifice (…). Mais un peuple ne réalisera volontiers de grandes choses que s’il est conduit par une autorité qu’il accepte, vénère et admire. Cette autorité devra être forte et stable, personne ne le conteste, mais c’est surtout par la persuasion qu’elle devra s’exercer. Les citoyens doivent réagir en hommes libres pour accepter les sacrifices qu’imposent des planifications à longue échéance. Pour pouvoir persuader, l’autorité devra avant tout prêcher d’exemple : elle devra rechercher envers et contre tout, avec une sorte de passion, le bien commun ; elle sera donc désintéressée et surtout incorruptible, se montrant inaccessible aux avances ou aux pressions de ceux qui ont tout intérêt à ce que rien ne change à Madagascar, afin de pouvoir conserver le plus longtemps possible leur monopole commercial au détriment de l’industrialisation du pays. »

 10° Question :

Avez-vous, à l’heure actuelle des relations soutenues avec Andry Rajoelina ? Avec Marc Ravalomanana ? Pour vous, qui est le Président de Madagascar ?

 J’ai rencontré le Président de la HAT et différentes personnalités de son entourage pour des visites de courtoisie et de travail, notamment en tant que Présidence locale de l’Union européenne, pour préparer les consultations politiques prévues à l’article 8 de la Convention de Cotonou, qui viennent de se tenir le 19 mai dernier. Je n’ai pas pu en revanche voir le Président Marc Ravalomanana qui, comme vous le savez, réside actuellement en Afrique du Sud. Mais je dois vous dire que j’ai rencontré et je continue à rencontrer beaucoup d’autres personnes, des représentants des partis politiques de tous horizons, y compris des dirigeants et des parlementaires du TIM, des gens très proches du Président Ravalomanana, des délégués de la société civile et des ONG, du secteur privé, des églises. Je vais aussi chaque fois que je le peux sur le terrain pour connaître les conditions dans lesquelles vivent les citoyens malgaches. Je visite des entreprises qui contribuent à la richesse et à l’avenir de Madagascar. Je suis aussi allé avec l’Ambassadeur des Etats-Unis, Niels Marquardt, dans le Sud du pays pour me rendre compte directement de la terrible situation humanitaire qui y prévaut.  Je ne suis pas ici pour donner des leçons, mais pour essayer à mon niveau de comprendre, de faire passer des messages de paix et de réconciliation, car la violence n’a jamais conduit à des solutions constructives.

Pour moi enfin, le Président de Madagascar doit être celui que les Malgaches eux-mêmes choisiront  à travers des élections véritablement libres, équitables et transparentes.

 11° Question :

On accuse beaucoup la France, parmi le peuple malagasy, d’avoir poussé Andry Rajoelina à commettre ce coup d’état. Beaucoup de malgaches aujourd’hui pensent que la France « est derrière tout ca » … Enfin, de plus en plus de malgaches ressentent un sentiment « anti-Français » et ont des rancoeurs vis-à-vis de la France. Certains pensent encore aux horreurs commises par la France pendant la colonisation (notamment en 1947 à Moramanga). Certains demandent des excuses…

Que pouvez-vous leur dire ?

 Je pense très franchement qu’il ne faut pas tout mélanger ! Il faut bien distinguer la période coloniale de celle qui a suivi l’indépendance.

Pour ce qui concerne la période coloniale, la France a eu des responsabilités graves dans les événements tragiques de 1947, d’ailleurs rappelées par le Président Jacques Chirac lors de sa visite d’Etat à Madagascar en juillet 2005 : « il faut avoir conscience du caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial ». Plus récemment, dans son discours prononcé à Dakar le 26 juillet 2007, le Président Nicolas Sarkozy a marqué dans des termes très solennels que « la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l’amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on leur en voulait tant ». Il a justement souligné que « nul ne pouvait faire comme si cette faute n’avait pas été commise »…

Depuis l’indépendance de Madagascar, les rapports entre nos deux pays n’ont pas toujours été faciles, je pense en particulier à certaines mesures  prises entre 1972 et 1975, mais la France a toujours pleinement respecté la souveraineté de Madagascar et les décisions du peuple malgache. Elle continuera à le faire. A cet égard, je ne peux pas accepter les accusations dont vous faîtes état dans le déroulement de la crise que traverse Madagascar depuis le mois de janvier, car elles ne sont pas vraies, elles sont mensongères (j’ai même vu des faux grossiers circuler dans des tracts ou sur Internet), elles me paraissent bel et bien inventées peut être pour dissimuler d’autres responsabilités…Je peux vous faire un aveu personnel sur ce sujet : je fais partie de ceux qui croient profondément à la modernisation et à la refondation de la relation entre la France et l’Afrique dans le cadre d’un partenariat adulte et responsable pour tenir compte de nos intérêts partagés. J’ai même écrit un article sur ce sujet dans la revue Afrique Contemporaine en 2007 avant de devenir directeur de cabinet du Secrétaire d’Etat en charge de la coopération et de la francophonie. C'est pour moi une conviction fondamentale et c'est pourquoi j'ai accepté l'honneur de cette mission d'Ambassadeur à Madagascar.

 12° Question :

Aujourd’hui, on parle de Madagascar dans les médias comme un pays à fuir absolument, où la terreur règne, où la dictature y fait ses premiers pas. Est-ce vrai ?

                 Je ne pense pas que les images caricaturales et aussi éloignées de la réalité servent qui que ce soit. Il y a de sérieux problèmes d’Etat de droit à Madagascar, mais il me semble qu’ils ne sont pas nouveaux : trop souvent un moyen de faire taire les opposants à Madagascar, y compris depuis 2002, a été de les emprisonner ou de les forcer à l’exil. Dans le cadre de son dialogue politique régulier avec Madagascar, l’Union européenne a eu l’occasion à plusieurs reprises de soulever auprès des autorités malgaches, et ce bien avant le 17 mars 2009, ses préoccupations sérieuses en matière de respect des droits de l’homme. Ceci étant, ce qui s’est fait hier ne peut évidemment excuser les conduites d’aujourd’hui, et je ne peux que condamner avec la plus grande vigueur les méthodes employées dans le cadre de certaines perquisitions ou arrestations, en particulier par des éléments militaires parfois cagoulés. La France condamne toutes les violences d’où qu’elles viennent. La justice malgache a déjà su faire preuve de son esprit d’indépendance (en procédant au sursis à exécution de la destitution de plusieurs Ambassadeurs et en rendant un verdict de relax le 20 mai dernier du journaliste de Radio Mada Evariste Ramanantsoavina…) et saura, je n’en doute pas, faire preuve d’efficacité pour sanctionner ces actes, qui ne font pas honneur à ceux qui les commettent, et annuler les procédures lorsqu’elles ne seraient pas justifiées.   

13 ° Question :

Des « erreurs financières » auraient été commises par l’ancien Président Marc Ravalomanana. Ils auraient confondu les comptes de l’état avec les comptes de ses entreprises. Autrement dit, on l’accuse de détournements de biens publics.

Qu’en pensez-vous ? Et avez-vous des infos à ce sujet ?

 Les soupçons qui pèsent sur la gestion de l’ancien Président ont déjà été relevés par de nombreux organismes internationaux et c’est à la justice  malgache, indépendante du pouvoir exécutif et souveraine, qu'il appartient le cas échéant de mener les actes et décider des procédures qu'elle jugera utiles à l’égard d’éventuels actes délictueux. Sur les informations dont on pourrait disposer, je me contenterai de vous renvoyer aux rapports du Fonds Monétaire International qui ont conduit au mois de décembre dernier à la suspension de l’aide budgétaire globale par l’ensemble des bailleurs de fonds, marquant donc leur préoccupation, bien avant le déroulement de la crise politique, sur la situation des finances publiques malgaches et le montage contestable de certaines opérations comme l’achat de l’avion présidentiel. Toujours est-il que les aides internationales ne peuvent rester indifférentes à la question car elles ont elles-mêmes des comptes à rendre à leurs opinions et à leurs contribuables.

 14° question :

Est ce que l'ambassade de france à madagascar est disponible pour la protection de Marc Ravalomanana dans le cadre de la résolution du crise comme on l'a déja fait avec l'autre protagoniste, ceci est dans le but de vous remettre dans l'impartialité après les "soit disons rumeurs"

 Je vous rappelle que le Président Nicolas Sarkozy avait indiqué avec la plus grande fermeté que nous n’admettrions aucune atteinte à l’intégrité physique de Marc Ravalomanana. Cette position n’a évidemment pas changé.

15° Question :

Dans le cadre de l'insertion des départements d?outre-mer dans leur environnement régional qui fait partie des résolutions des etats généraux des DOM français, en ce moment, quelle est la place ou l'espace dans quel domaine qui serait réservée à l'île de la Réunion, DOM de France par Madagascar ? Donnez-nous Monsieur l'ambassadeur au moins une petite parcelle d'un seul secteur dans lequel je pourrais m'investir  en tant que "zanatany" sans pour cela être considéré que comme un porte-monnaie ambulant.

 Je ne sais pas si je vais répondre aussi précisément que vous le souhaiteriez à votre question, mais vous faîtes référence à une dimension qui est souvent oubliée à Madagascar, celle de l’espace régional. La France, à travers la Réunion, et Madagascar appartiennent à une même organisation régionale, la Commission de l’Océan Indien (COI). La France préside d’ailleurs la COI jusqu’en avril 2010. Nous sommes également voisins de Madagascar à l’ouest avec Mayotte. Nous avons donc là encore un intérêt commun et partagé pour le développement de nos échanges économiques et commerciaux, pour le développement de flux d’investissements, pour la création, en intégrant bien sûr aussi Maurice, les Seychelles et les Comores, d’un véritable pôle régional de développement. L’appartenance de Madagascar à ces deux zones d’intégration régionale et de dynamisme économique que sont d’une part la SADC, avec l’Afrique du Sud, et d’autre part la COI, avec la France, constitue une opportunité réelle pour le développement du pays.

Par ailleurs, en tant que « zanatany », je suis sûr que vous connaissez bien mieux Madagascar que moi : c’est vous qui avez beaucoup à m’apprendre !

 16° Question :

Monsieur l’ambassadeur, vous aviez affirmé lors de votre entretien sur la chaine matv que Madagascar pourra être le dragon de l’Afrique. J’aimerais savoir selon votre avis et suivant votre constatation le domaine (économique?) que Madagascar possède en excès par rapport au autres pays, est ce que la France envisage de s?illustrer dans ces domaines ou bien offrir des aides de coopération?

 Par rapport à beaucoup de pays africains que je connais, je pense notamment aux pays du Sahel, Madagascar dispose de ressources agricoles et naturelles considérables, la terre est fertile et à l’exception du Sud du pays l’eau est abondante. S’il n’y a pas d’industrie lourde, je constate aussi qu’à travers la zone franche, de nombreuses entreprises ont réussi à développer des activités de production véritablement concurrentielles, dans les domaines du textile ou des services. Il est clair en revanche que certains obstacles importants au développement subsistent : des coûts des facteurs (énergie et transports) encore excessivement élevés (surtout si l’on sort de Tananarive) ; une insuffisante attention accordée à l’investissement dans le développement humain, en particulier dans les domaines éducatif et de la formation professionnelle ; un comportement parfois « prédateur », si vous me permettez l’usage de ce terme, de certains responsables de  l’administration publique au détriment de l’intérêt national et de la construction d’un développement à long terme. Mais je pense aussi qu’aucun de ces obstacles n’est en lui-même insurmontable s’il y a une réelle volonté politique d’avancer. L’aide publique au développement est utile mais elle ne peut pas se substituer aux efforts nationaux. Les pays qui dans le monde ont décollé, comme les pays asiatiques ou la Tunisie ou Maurice, sont ceux qui ont eux-mêmes défini leurs stratégies de développement et les ont mises en œuvre dans la durée.

16° Question :

Avez-vous quelque chose à rajouter (peut être par rapport à l’actualité) ?

                 Un seul vœu : celui que nous puissions bannir un jour, parce qu’ils seraient devenus trop peu usités, les termes d’extrémisme et d’intolérance des vocabulaires français et malgache ! Sincèrement, le peuple malgache mérite de vivre dans la concorde civile pour le bien de tous et le développement de ce magnifique pays...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article