FANJAKAN’I LE IRY ??

Publié le par Ny Marina

Le 28 juillet 2009

 

FANJAKAN’IBAROA ?

 

Tout le monde sait ce qu’est le Fanjakan’i Baroa, mais tout le monde n’en a pas la même connaissance. Pour certains, l’expression viendrait du « gouvernement » du baron de Benyowski (18e siècle) et Baroa serait la corruption de « baron » ! Pour beaucoup, le fanjakana de Baroa est synonyme d’anarchie et rappelle l’histoire d’un mauvais conseiller d’un roi qui, débonnaire, laissait faire son entourage, lequel opprimait le peuple et ne respectait pas la justice et le bien public. Baroa, que les descendants de ses sujets appellent toujours Andriambaroa, était en fait un prince dont le fanjakana s’étendait dans la région de Nandihizana et de Carion où se dressent toujours des tsangam-bato, des pierres levées, qui en conservent le souvenir. Ce prince laissait faire ses mauvais conseillers. Quoiqu’il en soit, histoire royale dominante ou histoire de la petite région, la morale en est la même : quand le pouvoir oublie ses devoirs et laisse faire tous ceux qui, dans son entourage, servent leurs intérêts particuliers, c’est une forme d’anarchie aux dépens de la grande majorité.

Il est bien à craindre qu’une bonne partie de nos politiciens ou bien, ignares en histoire malgache, n’en aient pas tiré les leçons que nous enseigne la tradition orale ou bien que, la connaissant trop bien, ils se soient mis à faire ce qu’elle nous déconseille.

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Les témoignages entendus dans les conversations et les informations relatées dans les médias donnent à penser que, morcelé et fragmenté entre les mains de ceux qui ont surgi sur la Place du 13 Mai – ce n’est pas un gouvernement de gros mais un gouvernement de détail –, le pouvoir actuel – il existe, on ne peut le nier – est entre les mains soit d’affairistes chevronnés et compétents en affaires, soit d’incompétents qui se croient omniscients ou ne décident qu’en fonction des résultats comptables immédiats.

Nous n’allons pas égrener tout le chapelet : environnement, mines, pêche, agriculture, transports, cultes, enseignement. Cela suffira pour notre pain de ce jour.

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Les bois précieux non travaillés étaient interdits à l’exportation. La mesure, plusieurs fois suggérée dans les dernières années du 20e siècle, avait enfin été prise. Elle a été rapportée au bénéfice des trafiquants qui veulent gagner gros et vite. Les conteneurs de bois de rose sont prêts à partir, s’ils ne sont pas déjà en mer. Les ébénistes chinois connaîtront le Vrai Bonheur radzouëlien.

Les pierres précieuses ou semi-précieuses devaient être taillées sur place pour pouvoir être exportées. Une école et des formations avaient été récemment mises en place. Effort et dépenses inutiles, la Hat préfère généreusement donner du travail aux tailleurs de pierres en Asie du Sud-Est. Merci Rajoelina. C’est ça, le Vrai Bonheur.

Les Chinois sont amateurs d’holothuries depuis toujours. Nous leur en fournissions, mais en essayant de ne pas épuiser la ressource. Sur l’avis de qui la décision d’autoriser une pêche intensive avec bouteilles de plongée avait-elle été prise ? La mesure aurait été « suspendue ». En attendant de la ressortir ?

Vous vous souvenez de la position de ce jeune ingénieur agronome et ardent tgviste proclamant que les paysans n’avaient pas besoin d’écoles. Il leur suffisait d’avoir une bêche et de labourer la terre qui ne manque pas. Les soutiens de la Hat sont-ils tous aussi ignares et si parfaitement décervelés ?

On se souvient du détournement d’un avion d’Air-Mad vers Dakar et de tout le stroumpf qu’il avait provoqué. Le commandant de bord, membre d’un parti politique, n’a pas hésité à soutenir la nécessité de confidentialité dans un tel piratage. Tout comme sous Ratsiraka. Avec de tels professionnels passionnés par leurs engagements, Air-Mad est-elle toujours la compagnie nationale ou, maintenant, une sorte de secte avec ses pilotes mpiandry qui nous promènent dans leur ciel ?

Dans son communiqué du 29 mai, la société n’avait pas parlé de dédommagement, mais invitait les passagers mécontents de la contacter. On peut supposer que ce monopole national avait placé au bout du fil ou face à l’ordinateur un personnel bien formé par ce commandant et sans doute aussi par d’autres célèbres commandants. Air Madagascar a la chance de ne pas avoir à respecter les normes européennes, sinon elle serait tenue d’indemniser chaque passager pour les retards, et le montant de l’indemnité varie selon la durée du retard. Cela aurait fait de gros chèques à débourser.

En matière de cultes dont Omar est sans doute le ministre in partibus, Les Nouvelles du 23 juillet nous ont appris que « Monseigneur Félix Ramananarivo, évêque auprès du diocèse d’Antsirabe a été nommé par le pape pour assurer la médiation pour la réconciliation. Il souligne que cet évêque a déjà rencontré Manandafy Rakotonirina, la mouvance Albert Zafy et celle de Didier Ratsiraka ». Finalement, on ne sait plus si c’est le pape, le ministre in partibus ou le Fat qui a mandaté l’évêque : une vraie histoire de fou ! Si le journal dit vrai, on sait ce que sera le résultat de cette démarche, quand on voit à quel point, dans Lakroa, l’Eglise catholique s’enferre dans son soutien quasi inconditionnel à la HAT !

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Dans l’enseignement, c’est un sujet du Bepc qui provoque le scandale. « Misy ezaka ataon'ny fitondrana tetezamita hampandroso haingana ny firenena amin'izao fotoana izao. Inona avy ireo ezaka ireo araka ny hevitrao? (La Transition fait des efforts pour développer rapidement le pays en ce moment. Quels sont ces efforts selon vous ?) ».

C’est Sobika.com qui a soulevé le lièvre et en a fait son édito. Vous avez pu le lire. NyMarina reprend le texte, lui donne pour titre : « On ne joue pas avec l'éducation de nos enfants » et pose la question : « Faut-il s’en étonner vraiment ? » Un de mes amis me parle de l’ignominie de ce sujet de Bepc. L’on en cause beaucoup et l’indignation est générale. Sauf sans doute à Ambohitsorohitra que je ne fréquente pas.

Du temps de la dictature qui se voulait marxiste-léniniste, on n’avait jamais rien vu de tel. Pointe de Sagaie et le Monima se mettent bien dans la ligne stalinienne et kimilsongiste. A moins qu’il ne s’agisse de l’action d’éclat de ces transitionnistes de base, bien choisis et d’une parfaite incompétence. Tout à fait avec le profil recherché par les vrais radzouëliens. Nous n’avons pas fini de découvrir les « innovations » de nos coup-d’Etatistes.

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Ce Vrai Bonheur radzouëlien que je n’apprécie pas, qui en responsable ? C’est bien évidemment ce diabolique de Ravalomanana, cause de la pauvreté actuelle selon la sociale Nadine. Toutes les opérations de développement qu’il avait mises en place – enseignement dans les campagnes, formation des pêcheurs du Nord-Est pour une exploitation durable des ressources de la mer dont parlait Rfi ce matin, tous ces emplois qu’il avait créés, directement et, dans les zones franches et les mines indirectement, etc. –, tout cela est contraire au Vrai Bonheur, tout cela est devenu diabolique et doit être détruit, annulé, aboli et anéanti pour la plus grande gloire non d’Omar mais de Rajoelina. Le tout aujourd’hui décidé par un groupe dont Rajoelina ne veut pas prendre la responsabilité.

Dans la société ancienne, samy manjaka eram-baravarany, posait le droit ancien. Chacun était roi en sa maison. Il pouvait y dire ce qu’il pensait, il pouvait même critiquer vertement le souverain. Il y pouvait tout aussi bien se draper d’un lamba jaky, dont la vente était interdite sur les marchés et la couleur réservée au souverain. Il pouvait s’imaginer lui-même l’égal du souverain. Mais dans la tranobe ou le lapa royal, seul régnait l’Andriamanjaka. Et les sujets de celui-ci pouvaient dénoncer et combattre les abus de ses conseillers.

Il ne s’est écoulé qu’un peu plus d’un siècle pour que la pratique soit que chacun fasse ce qu’il veut, samy manao izay tiany, dès qu’il semble avoir une petite parcelle du pouvoir d’Etat. Andriambaroa a quitté ce monde depuis bien longtemps, et la plupart ne savent même pas où il est enterré. Aujourd’hui, ses héritiers présomptifs se sont multipliés. Seul est connu Andry Rajoelina et seul il se proclame souverain. C’est donc bien le fanjakan-dRajoelina. Sera-t-il réputé demain dans toute la Grande Île comme le fanjakan’i Joelina ?

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